Les billets gratuits SNCF pour les agents et leurs familles : la fin d’un monde sans impôts ? Dès 2024, l’avantage le plus emblématique du rail français s’apprête à monter dans le train de la fiscalisation. Explications et conséquences, billet composté, humour embarqué.
Le Passeport doré des cheminots : un avantage sans limite… ou presque
Pendant des décennies, les agents de la SNCF ont profité d’un privilège bien connu : voyager gratuitement (ou presque) partout sur le réseau ferroviaire. Avec leur Pass SNCF, ces salariés (et pas que les plus anciens à casquette) bénéficient de trajets gratuits en illimité. Seule ombre au tableau : le petit coût de la réservation obligatoire, qui varie selon les circonstances. Comptez 1,70 euro, 10 euros ou 15 euros, selon le type de train, la période ou la classe choisie. À ce tarif-là, le train de nuit n’a jamais semblé aussi accessible.
Cerise sur le wagon, les conjoints et enfants des agents peuvent profiter eux aussi de ces largesses : 16 billets gratuits par an et une réduction de 90% lorsque le quota est dépassé ! Jusqu’à présent, cet avantage n’était soumis à aucune fiscalité. Une vraie locomotive de bonheur pour la famille.
2024 : le tournant fiscal, ou quand l’URSSAF monte à bord
Mais halte-là, la fête est finie. Dès le 1er janvier 2024, les facilités de circulation de loisir de tous les salariés SNCF seront traitées comme un avantage en nature. Traduction directe dans la langue des impôts : elles seront soumises à cotisations sociales (salariales et patronales), et feront aussi leur apparition dans la case fiscalité. Tout est dit, ou presque.
C’est la SNCF elle-même qui a officialisé la nouvelle : désormais, fini l’avantage collectif versé à la hussarde. Les billets gratuits attribués seront individualisés sur la fiche de paie de chaque agent (un peu comme un voyageur qui voit son billet poinçonné). Jusqu’ici, cet avantage était géré globalement via une convention provisoire avec l’URSSAF depuis 2010. Cela évitait toute mention sur les bulletins de paie et donc toute taxation sur le revenu. Mais à partir de 2024, chaque euro de billet gratuit comptera dans le calcul.
Plus d’un million de privilégiés et une lourde addition à la SNCF
Un rapport gouvernemental de 2021 en attestait : il y avait plus d’un million de bénéficiaires dans la galaxie des facilités de transport SNCF. Cela comprenait 328 000 agents actifs et retraités, mais aussi 787 000 ayants droit (enfants, conjoints, concubins, parents). Ce généreux système coûtait cher à l’entreprise – la perte de chiffre d’affaires était évaluée à 105 millions d’euros par an. De quoi donner des sueurs froides au contrôleur de gestion.
La refonte du dispositif s’est accélérée avec la signature en août 2022 d’une nouvelle convention entre l’Union des transports publics (UTP) et l’URSSAF. Objectif : aligner la SNCF sur les pratiques fiscales du privé, avec, au passage, la fin de la mention « non imposable » sur la fiche de paie.
Salaire revalorisé, impact social limité : la parade de la SNCF
Pas d’inquiétude (du moins pour la grande majorité des cheminots) : consciente du choc que pourrait représenter cette nouveauté sur le pouvoir d’achat, la SNCF a prévu une augmentation du salaire de base pour les contractuels dès le 1er janvier 2024. L’objectif, d’après l’entreprise et selon Les Echos, est clair : compenser l’impact social de la fiscalisation pour au moins 90% des salariés concernés.
- Billets de train gratuits individualisés sur la fiche de paie
- Ajout aux cotisations salariales et patronales
- Imposition sur le revenu de l’avantage en nature
- Revalorisation salariale prévue pour limiter l’impact
Ainsi, à défaut de continuer à voyager dans une bulle d’exonération fiscale, la grande majorité pourra continuer d’embarquer sans impact net trop sévère sur leur portefeuille. Pour les autres, il faudra peut-être jongler un peu plus habilement avec ses congés…
En conclusion : billet composté, mais pas pour tout le monde
Si la fiscalisation des avantages SNCF tourne la page d’une exception vieille de plusieurs générations, le principal souci pour les agents sera surtout d’en voir la traduction sur leur fiche de paie. Mais avec une revalorisation pour compenser, majoritairement, l’impact social, le voyage continue – avec quelques arrêts supplémentaires au guichet fiscal. Restez à l’écoute : dans ce train-là, même pour un billet gratuit, on finit toujours par payer un peu quelque chose…

Victor Beaumont est un grand passionné de voyages et de mobilité, avec une affection toute particulière pour les trains. Depuis son enfance, il aime observer les locomotives, découvrir de nouvelles lignes ferroviaires et s’intéresser aux innovations qui transforment nos déplacements. Pour Victor, le voyage ne se résume pas à la destination : c’est l’expérience du trajet qui compte. Dans ses articles, il partage cette passion en proposant des idées pour voyager malin, comparer les moyens de transport et redonner au train la place qu’il mérite dans notre quotidien.





