Embarquez pour un périple extraordinaire : 3000 kilomètres de rails, de la frénésie parisienne aux lumières enchanteresses du Cercle Polaire, sans jamais quitter le confort de votre compartiment. Ce voyage en train, accessible à tous, n’est ni un mirage ni une odyssée réservée aux aventuriers nordiques : préparez-vous à traverser l’Europe et à tutoyer les aurores boréales (ou le soleil de minuit), tout en sauvant la planète… et peut-être même votre portefeuille.
D’un quai l’autre : Paris au nord du bout du monde
Ce parcours peut sembler relever de l’utopie ferroviaire : relier Paris à la Laponie suédoise et jusqu’aux îles Lofoten, en Norvège, uniquement par la magie du rail. A priori, ces contrées font figure de bout du monde inaccessible, mais il suffit de deux à trois jours, selon votre zèle et vos pauses, pour parcourir les 3000 km séparant la France du cercle polaire arctique.
Le périple commence sur les chapeaux de roues (ou plutôt sur rails bien huilés) avec un TGV inOui, filant à 320 km/h de Paris-Est à Francfort en moins de quatre heures. Prévoyez le premier train du matin pour optimiser votre traversée : la journée s’étirera jusqu’en Allemagne du Nord. Changement d’ambiance sous l’imposante verrière de la gare centrale de Francfort ; ici, embarquement immédiat pour Hambourg à bord de l’ICE allemand. Attention à bien réserver à « Frankfurt Hbf » (la bonne gare, c’est mieux !), et à ajouter un petit supplément pour garantir une place assise, toujours appréciable en cas d’affluence ou de retard (spécialité locale, paraît-il).
Des nuits sur rails et des rêves polaires
Après cette longue journée, vient le réconfort d’une nuit douillette à bord d’un des deux trains de nuit reliant Hambourg à Stockholm (12 à 13 heures pour 1160 km avalés dans le noir). À vous de choisir entre les compagnies SJ ou Snälltåget. Trois niveaux de confort : du siège inclinable à la cabine-lits privative, avec, pour les gourmands, une voiture-restaurant sur une partie du trajet. Prévoyez cependant de réserver tôt en été, période à forte demande. Si vous êtes victime de la haute saison, détour par Copenhague vivement conseillé, avec bonus pour le franchissement du pont de l’Øresund qui défie la mer.
Avant de reprendre votre souffle dans les rues de Stockholm, le dernier train de la grande chevauchée vous attend : cap au nord via le réputé « Arctic Circle Express » jusque Narvik. Les 17 heures de train traversent des paysages inédits. Les voitures, certes vintage (nostalgie des années 1990 !), restent confortables et conviviales. Des meatballs partagées en voiture-restaurant scellent souvent l’amitié entre voyageurs venus de tout le continent. Abisko Turiststation sera la halte de prédilection des chasseurs d’aurores boréales et des randonneurs sur la célèbre Kungsleden, tandis que les derniers kilomètres jusqu’à Narvik, accrochés entre mer et montagne, figurent parmi les plus spectaculaires d’Europe. Ici s’arrête la voie ferrée, mais l’aventure continue…
Des fjords, des bus et la mer pour finir
Narvik, plus proche du Pôle Nord que de Paris (!), marque le vrai début du paradis arctique. Pour rejoindre les îles Lofoten, misez sur les bus de la ligne 300 de Reis Nordland, avec le Travel Pass Nordland (110 € pour 7 jours illimités), idéal si vous laissez la voiture à la maison. Les bus traversent les principaux villages, mais la fréquence invite à une organisation méticuleuse. Pour les rêveurs de liberté, le van reste une option, mais le ferry s’impose au retour.
Justement, la traversée maritime revient aux ferries Torghatten Nord : plusieurs allers-retours quotidiens entre Moskenes (sud des Lofoten) et Bodø. Cerise sur la vague : pour les piétons, c’est gratuit ! Il suffit de se présenter dans les temps, de savourer un en-cas à bord ou d’occuper les enfants dans des espaces de jeux.
Vous voilà débarqué à Bodø, l’une des trois capitales européennes de la culture 2024, prête à offrir ses quais animés. Deux trains quotidiens (privilégiez celui de nuit) redescendent ensuite vers Trondheim : 10 heures de voyage, trois classes de confort allant du siège classique à la cabine privative, pour une immersion scandinave propice à la contemplation… si la lumière vous laisse fermer l’œil ! Trondheim mérite d’ailleurs une journée de découverte à pied avant d’embrasser à nouveau les rails en direction d’Oslo, puis Copenhague et enfin Paris.
Budget, organisation et astuces pour petits (et grands) voyageurs
Concrètement, ce rêve éveillé se décline selon toutes les bourses : dès 200 € (sièges en train de nuit, réservés tôt), à 300 € pour un peu plus de confort, voire 500 € en cabine-lits premium. À cela s’ajoutent des conseils incontournables :
- Optez pour un passe Interrail (296 € à 352 € pour 5 à 7 jours sur 33 pays), enfants gratuits jusqu’à 11 ans (réservation à prévoir) ;
- Anticipez les suppléments pour trains de nuit/grande vitesse ;
- Multipliez les réservations entre différentes compagnies nationales ;
- Pensez à voyager allongé, quitte à économiser sur les hôtels !
Pour apprécier ce voyage, il faut certes aimer rester assis… ou alors adorer ouvrir grand les yeux ! Chaque saison offre sa magie : aurore boréale en hiver, nuits blanches illuminées l’été. Rester flexible, prévoir ses correspondances, savourer les rencontres de wagon-restaurant et s’abandonner à la majesté du Grand Nord : voilà le secret d’un périple accessible à tous, inoubliable, et… diablement féérique.

Victor Beaumont est un grand passionné de voyages et de mobilité, avec une affection toute particulière pour les trains. Depuis son enfance, il aime observer les locomotives, découvrir de nouvelles lignes ferroviaires et s’intéresser aux innovations qui transforment nos déplacements. Pour Victor, le voyage ne se résume pas à la destination : c’est l’expérience du trajet qui compte. Dans ses articles, il partage cette passion en proposant des idées pour voyager malin, comparer les moyens de transport et redonner au train la place qu’il mérite dans notre quotidien.





