Qui n’a jamais rêvé d’embarquer à bord d’un vrai train à vapeur, bercé par le souffle rythmé du cylindre, le crépitement du charbon et ce ronronnement hypnotique, comme un Poudlard Express qui tourne les pages de notre imaginaire ? Pourtant, contrairement à ce que l’on croit souvent, la vapeur n’a pas totalement disparu du paysage ferroviaire européen. Mieux : elle s’accroche, fièrement, à ses rails du quotidien. Direction la Pologne, pour une plongée étonnante dans l’histoire vivante du dernier vrai train à vapeur d’Europe.
Un joyau d’acier en Pologne, témoin d’un autre temps
À Wolsztyn, petite ville polonaise située à 60 kilomètres au sud-ouest de Poznań, on ne se contente pas de rêver aux trains d’autrefois : on les fait rouler, tous les jours, sur une voie normale à l’écartement international de 1,435 mètre. Rien de folklorique ici, ni de balade touristique à la papa en Limousin : dans ce coin de Pologne, de véritables mastodontes de métal entrent en gare chaque matin, tractant leur lot de passagers… et d’émotions.
- Pénétrant onze villages sur un tronçon d’environ 45 kilomètres entre Wolsztyn et Leszno, ces locomotives authentiques acheminent chaque année près de 50 000 passagers, dont 5 000 touristes, selon le Financial Times.
- La ligne fonctionne avec une régularité toute industrielle, rappelant au passage que la vapeur fut, un temps, la colonne vertébrale de nos sociétés modernes.
Si la Pologne a pu faire perdurer la vapeur un peu plus longtemps qu’ailleurs, c’est en grande partie grâce à son importante production du charbon. Mais même ici, la modernité a eu raison des monstres fumants : dans les années 1980, la quasi-totalité des trains à vapeur ont disparu. Seule, résiste depuis 1994 la ligne reliant Wolsztyn à Leszno. Ultime vestige d’un passé vibrant, rouille et graisse en plus.
Visite immersive : quand la locomotive devient musée vivant
À Wolsztyn, amoureux du rail, nostalgiques et familles curieuses peuvent pousser la porte du hangar à locomotives, véritable musée vivant. Ici, pas de mottes de charbon sous cloche ni de souffle de vapeur en conserve, mais :
- Des séances de graissage, d’arrosage et de charbonnage que l’on peut observer de près – attention, ça tache !
- La possibilité d’assister aux réparations des machines, certaines âgées de plus d’un siècle : la doyenne du hangar date de 1908.
- Une exposition de voitures anciennes, de draisines et d’authentiques accessoires ferroviaires. Tout ce qu’il faut pour chatouiller la fibre nostalgique.
Infos pratiques pour les amateurs de belles mécaniques : la visite du hangar et du musée est facturée 15 PLN (environ 3,20 €). À noter, pour les fans de grands défilés sur rails, la parade annuelle des locomotives, usuellement programmée début mai, ne sera malheureusement pas organisée en 2022.
Adresse pour les puristes et les curieux : Hangar à locomotives à vapeur Wolsztyn, Institution de la culture de la région de Wielkopolska, ul. Fabryczna 1, 64-200 Wolsztyn. Tél. : +48 663 294 664.
La vapeur ailleurs en Europe : de la nostalgie, mais pas d’utilité
L’Europe n’a pas tout à fait tourné la page de la vapeur, mais il y a un “mais”. En France, quelques lignes perpétuent le mythe, comme le Train à Vapeur en Limousin ou le Chemin de Fer de la Vendée. Cependant, ces trains n’assurent que des circulations irrégulières et purement touristiques, bien loin du quotidien cheminot polonais. À Wolsztyn, c’est la vie de tous les jours qui s’accorde à la pulsation de la machine. Ce qui change tout !
Petit conseil aux rêveurs et grandes personnes restées enfants
Pour tous ceux qui, enfants, collectionnaient les petits trains ou rêvent aujourd’hui d’un modèle qui ronronne sur l’étagère (comme le confie un visiteur ému, évoquant son modèle roulant parmi ses livres), le hangar de Wolsztyn a tout du paradis. On repart avec le souvenir du sifflet, du souffle chaud de la vapeur, et peut-être, la douce illusion qu’ici, le temps s’arrête… juste le temps d’un aller-retour.

Victor Beaumont est un grand passionné de voyages et de mobilité, avec une affection toute particulière pour les trains. Depuis son enfance, il aime observer les locomotives, découvrir de nouvelles lignes ferroviaires et s’intéresser aux innovations qui transforment nos déplacements. Pour Victor, le voyage ne se résume pas à la destination : c’est l’expérience du trajet qui compte. Dans ses articles, il partage cette passion en proposant des idées pour voyager malin, comparer les moyens de transport et redonner au train la place qu’il mérite dans notre quotidien.





